Le Ministre des Affaires Étrangères, de la Coopération et des Nigériens à l’Extérieur, Bakary Yaou Sangaré, a annoncé samedi , une réforme majeure du corps diplomatique nigérien. L’initiative marque une rupture avec les pratiques antérieures et ouvre une nouvelle ère pour la représentation du pays à l’international.
La mesure fait suite à un audit approfondi du secteur diplomatique, commandité par le Chef de l’État, le Général de brigade Abdourahamane Tiani, et visant à assainir et à restructurer la diplomatie nigérienne.
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Bakary Yaou Sangaré et la fin des privilèges sans contrepartie pour les consuls honoraires
Au cœur de cette réforme, la situation des consuls honoraires, ces personnalités bénévoles représentant le Niger à l’étranger, a été examinée avec une attention particulière. Ces individus, souvent des avocats renommés ou des hommes d’affaires influents, bénéficient traditionnellement de passeports diplomatiques, d’immunités et d’un accès privilégié aux autorités locales.
Cependant, l’audit mené par Bakary Yaou Sangaré a révélé une réalité préoccupante : sur les 41 consuls honoraires en poste à travers le monde, près d’un tiers n’avaient jamais foulé le sol nigérien. « Ce sont des gens qui ne connaissent même pas le Niger », a déploré le ministre.
Ces consuls, souvent nommés par des personnalités influentes, se contentent de renouveler leurs passeports diplomatiques sans jamais s’impliquer dans la promotion des intérêts du Niger.
Face à cette situation, Bakary Yaou Sangaré a pris des mesures radicales. « Nous avons audité tous les consuls honoraires. Ceux qui n’ont pas répondu à nos exigences ont été disqualifiés », a-t-il expliqué.
Ainsi, six consuls honoraires ont été démis de leurs fonctions pour non-respect de leurs obligations.
Un recadrage du rôle des consuls honoraires
Cette purge s’accompagne d’une refonte du cahier des charges des consuls honoraires, désormais aligné sur la nouvelle vision diplomatique du Niger. Tout en conservant leurs avantages traditionnels (passeport diplomatique, immunités, privilèges), les consuls honoraires devront désormais rendre compte périodiquement de leurs actions et s’engager activement dans la défense des intérêts du Niger à l’étranger.
« Il faut qu’à la fin, ils rendent compte », a martelé le ministre Bakary Yaou Sangaré. Cette refonte s’accompagne d’un processus de recrutement de nouveaux consuls, essentiels pour représenter le Niger dans les 41 pays concernés.
« Le Niger n’a pas les moyens d’être présent partout, mais nous devons nous assurer que ceux qui nous représentent le font avec sérieux et engagement », a-t-il expliqué.
Un remaniement profond des ambassades nigériennes
La réforme initiée par Bakary Yaou Sangaré ne se limite pas aux consuls honoraires. Elle touche également les missions diplomatiques officielles. Le ministre a procédé à un remaniement massif des ambassades nigériennes. Le Niger comptait 40 ambassadeurs à travers le monde, dont 32 ont été remplacés dans le cadre de cette restructuration.
Seuls huit diplomates de carrière, en raison de leur mandat fixe de cinq ans, ont été maintenus en poste pour assurer une continuité stratégique. Cependant, même parmi eux, des rappels ont été opérés pour ceux jugés en désaccord avec la vision du Chef de l’État.
« Nous ne pouvons pas laisser en poste à l’étranger des personnes qui ne défendent pas efficacement les intérêts du Niger », a insisté Bakary Yaou Sangaré.
Cette réorganisation sans précédent du réseau diplomatique nigérien témoigne d’une volonté de modernisation et de professionnalisation. En éliminant les abus et en exigeant des résultats, le Niger se dote d’une diplomatie réactive, alignée sur les priorités nationales. Une chose est sûre, les consuls honoraires et les ambassadeurs nigériens savent désormais que leurs privilèges s’accompagnent de responsabilités.
Carol SAWADOGO
