Depuis début avril 2025 au Mali, les régions de Gao, Ménaka et Koro font face à une crise aiguë de carburant. Une situation qui paralyse l’économie locale et plonge les habitants dans une précarité grandissante.
Dans les rues poussiéreuses de Gao, les files d’attente devant les stations-service s’étendent à perte de vue. Les motos, véhicules et jerricans envahissent les alentours, témoignant d’une pénurie d’essence sans précédent. Le litre se négocie désormais à plus de 2 000 FCFA, parfois jusqu’à 5 000 FCFA à Ménaka. À Koro, les prix varient entre 1 200 et 2 500 FCFA, selon les jours et les vendeurs.
Une crise multiforme au Mali
À l’origine de cette situation : une combinaison de facteurs politiques, sécuritaires et économiques. La détérioration des relations diplomatiques entre le Mali et l’Algérie a entraîné la fermeture de frontières cruciales pour l’approvisionnement en carburant. Cette rupture complique considérablement le ravitaillement des régions nord, historiquement dépendantes des circuits venant du territoire algérien.
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S’ajoute à cela l’insécurité persistante sur les grands axes routiers. Les enlèvements de véhicules transportant du carburant et les attaques armées paralysent le transport de marchandises entre les grandes villes du nord.
Enfin, le boycott récent des distributeurs informels souvent les seuls fournisseurs disponibles dans certaines zones a révélé la fragilité du système d’approvisionnement local.
Des conséquences sur toute la chaîne économique
La crise affecte directement les activités quotidiennes : transport en commun à l’arrêt, hausse des prix des denrées alimentaires, ralentissement des livraisons, fermeture temporaire de commerces, et augmentation de l’exode vers les régions mieux desservies. Dans certaines zones rurales, les cultivateurs ne peuvent plus irriguer leurs champs, faute de carburant pour les pompes.
Réactions des autorités et initiatives locales
Face à l’urgence, le gouvernement malien a engagé des concertations avec les opérateurs économiques pour rétablir l’approvisionnement. Des mesures de sécurisation des axes routiers sont à l’étude, tandis que des poursuites judiciaires sont envisagées contre les revendeurs profitant de la crise pour pratiquer des prix excessifs.
Des acteurs de la société civile, notamment à Koro, s’organisent pour réguler les prix et sensibiliser les commerçants sur les risques de spéculation.
Zeinabou Abdou
