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Bamako : l’AES enclenche la vitesse supérieure vers une union douanière

Bamako : l’AES enclenche la vitesse supérieure vers une union douanière
Écrit par La Redaction

La capitale malienne a accueilli, du 15 au 16 mai, les directeurs généraux des douanes du Mali, du Burkina Faso et du Niger pour une rencontre décisive : jeter les bases juridiques de l’union douanière de l’Alliance des États du Sahel (AES). À l’issue de deux jours de travaux, le communiqué final salue « des avancées majeures » et présente un premier paquet de textes soumis sans réserve à la validation ministérielle.

Née en 2023 de la volonté des trois États sahéliens de renforcer leur souveraineté économique et sécuritaire, l’AES franchit ici une nouvelle étape. « Il fallait passer du discours à l’architecture », résume le général Amadou Konaté, patron des douanes maliennes. Les échanges se sont appuyés sur une session préparatoire d’experts tenue le 13 mai dernier. Objectif : produire des instruments harmonisés dès la fin 2025.

Projet de code des douanes de l’AES

Le projet de Code des douanes AES unifie désormais les procédures, la nomenclature des marchandises et le cadre des sanctions. Un tarif extérieur commun (TEC-AES) en quatre bandes – 0 %, 5 %, 10 %, 20 % – doit garantir la protection sélective des filières sensibles tout en maintenant l’ouverture vers l’extérieur.

La convention sur le transit sécurisé introduit la traçabilité numérique complète et la reconnaissance mutuelle des garanties afin d’accélérer le passage des marchandises entre les trois pays. En parallèle, un protocole d’interconnexion des systèmes SIDONIA et ASYCUDA jette les bases d’un guichet unique régional entièrement dématérialisé, tandis qu’une feuille de route conjointe pour la sécurité et la lutte contre la fraude prévoit des équipes mixtes, un partage d’alertes en temps réel et trois postes‑frontières pilotes à Koury, Kantchari et Tamou.

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Pour les économies sahéliennes, l’harmonisation douanière promet de faire chuter les coûts logistiques, de fluidifier les chaînes d’approvisionnement et de doper l’attractivité de l’espace AES auprès des investisseurs. Sur le front sécuritaire, la mutualisation des contrôles vise à couper les circuits de financement des groupes armés qui prospèrent sur la contrebande. « Une frontière mieux contrôlée n’est pas forcément une frontière fermée », insiste Amadou Mamane Djimraou, directeur général des douanes nigériennes ; « c’est une frontière qui laisse passer la marchandise légale et bloque la fraude ».

Le dernier mot reviendra désormais aux ministres de l’Économie puis aux chefs d’État, attendus à l’automne pour l’adoption formelle. S’ils entérinent le paquet juridique, l’union douanière AES deviendra l’un des blocs africains les plus rapides à se doter d’un tarif extérieur commun. À Bamako, la machine est lancée : « Nous n’avons plus le luxe d’attendre », précise Amadou Mamane Djimraou. Les rideaux ne se sont donc pas refermés sur un simple atelier ; ils se sont levés sur la mise en marche concrète d’un futur marché commun sahélien.

Zeinabou Abdou

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