Dans un contexte de tension énergétique persistante, la ministre de l’Énergie, Pr Amadou Haoua, s’est rendue lundi 16 juin sur le site de la NIGELEC à Goudel, à Niamey, pour constater l’état d’avancement des travaux de la future centrale thermique d’une capacité de 30 mégawatts. Ce projet stratégique, en cours de réalisation depuis plusieurs mois, est désormais achevé à plus de 90 %.
Cette visite de la ministre Amadou Haoua intervient alors que les habitants de Niamey, Tillabéri et Dosso continuent de subir des coupures d’électricité fréquentes et prolongées, affectant leur quotidien, la sécurité, l’économie locale et même les services sociaux de base.
Amadou Haoua veut trouver une réponse à un problème récurrent
Depuis plusieurs années, la capitale Niamey et les régions voisines sont confrontées à une desserte électrique instable, marquée par des délestages imprévisibles. En période de forte chaleur, cette situation devient insoutenable pour les ménages, les écoles, les hôpitaux et les petites entreprises.
Les causes sont multiples : une dépendance importante à l’électricité importée, notamment du Nigeria, des infrastructures vieillissantes et un réseau en sous-capacité pour répondre à la demande croissante. La rupture des importations nigérianes en juillet 2023 n’a fait qu’aggraver la situation, forçant le Niger à accélérer les projets d’indépendance énergétique.
La centrale de Goudel : une bouffée d’oxygène pour la zone du fleuve
La centrale thermique en construction sur le site NIGELEC de Goudel, dotée d’une puissance de 30 mégawatts, s’inscrit dans cette logique de renforcement du parc énergétique national.
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Lors de sa visite, la ministre Amadou Haoua a salué les avancées du chantier mené par l’entreprise chinoise Jiangsu Jianghao Generator, tout en insistant sur l’importance de tenir les délais de livraison. « C’est un projet vital pour des millions de Nigériens. Les coupures que vivent les populations doivent cesser. Il faut que cette centrale entre en service dans les plus brefs délais », a déclaré Amadou Haoua.
Cette centrale fonctionnera au diesel, ce qui garantit sa mise en service rapide et sa capacité à stabiliser le réseau électrique, particulièrement dans les zones urbaines de Niamey, Dosso et Tillabéri.
Coupures d’électricité : les populations à bout de souffle
À Niamey, la situation est critique. Dans de nombreux quartiers, les coupures peuvent durer entre 2 et 6 heures par jour. Les habitants témoignent d’une vie rythmée par les allumages et extinctions imprévus, souvent en pleine nuit.
À Dosso, les marchés fonctionnent au ralenti. Les tailleurs, les vendeuses de glace et les cybercafés, dépendants de l’électricité, enregistrent des pertes. À Tillabéri, les centres de santé rencontrent des difficultés pour conserver les vaccins ou faire fonctionner les appareils médicaux de base.
Un projet financé sur fonds propres
Fait notable, la centrale thermique de Goudel est entièrement financée sur fonds propres par l’État via la NIGELEC. Cela témoigne de la volonté politique d’investir durablement dans les infrastructures nationales sans attendre le soutien de bailleurs extérieurs.
Ce projet s’ajoute à d’autres initiatives telles que l’extension de la centrale de Dosso (5 MW), les projets solaires régionaux et le méga-projet de Salkadamna (600 MW au charbon), censé faire du Niger un pays moins dépendant énergétiquement.
La ministre Amadou Haoua a promis de revenir sur le site dans les prochaines semaines pour assister à la mise en service officielle de la centrale. Si le calendrier est respecté, les premiers mégawatts pourraient être injectés dans le réseau dès juillet 2025, soulageant partiellement la pression sur la zone du fleuve.
Mais les populations, elles, restent prudentes. Nombreux sont ceux qui espèrent que ce ne soit pas une promesse de plus. La stabilité électrique n’est plus un luxe mais une urgence vitale.
Zeinabou Abdou