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Tchad : pourquoi Hassan Djamous Bahkit a finalement cédé face à l’Union européenne ?

Hassan Djamous Bokhit
Écrit par La Redaction

Face au gel des subventions européennes, le ministre tchadien de l’Environnement, Hassan Djamous Bahkit, a annulé sa décision de rupture avec African Parks Network. Un revirement dicté par la dépendance financière du Tchad vis-à-vis de ses bailleurs.

 

Un revirement sous pression

Quelques heures seulement après la décision de l’Union européenne de suspendre ses financements destinés à la conservation de la faune, Hassan Djamous Bahkit a fini par céder.

Le ministre tchadien de l’Environnement, au centre d’un bras de fer avec African Parks Network (APN), a annulé, ce vendredi 17 octobre 2025, son arrêté de rupture des accords de gestion des parcs nationaux.

Une volte-face précipitée qui illustre la fragilité financière du Tchad face à ses bailleurs.

L’Union européenne, un levier économique décisif

Le conflit opposant Hassan Djamous Bahkit à l’organisation sud-africaine remonte à plusieurs semaines.

Le ministère avait  évoqué de « graves manquements » de l’APN pour justifier la rupture de la coopération dans la gestion du parc de Zakouma et de la réserve de l’Ennedi.

Mais la réaction de Bruxelles a été immédiate : gel des subventions, suspension des programmes de conservation et menace d’un retrait prolongé des appuis budgétaires.

Sous cette pression, Hassan Djamous Bahkit n’a eu d’autre choix que de rétablir les accords.

Une dépendance budgétaire criante

L’Union européenne, principal pourvoyeur de fonds du secteur environnemental tchadien, finance à hauteur de plusieurs milliards de francs CFA les projets de préservation et de développement communautaire.

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En coupant ce robinet, elle a placé Hassan Djamous Bahkit et son gouvernement devant une impasse budgétaire.

Incapable d’assurer seul la lutte anti-braconnage et le fonctionnement des structures locales, le ministère a dû, contraint et forcé, revoir sa position.

Une victoire apparente, une souveraineté affaiblie

Pour de nombreux observateurs, la décision de Hassan Djamous Bahkit marque moins une réconciliation qu’une capitulation.

Si l’APN a consenti à reconnaître certaines « erreurs passées », la réalité est tout autre : la souveraineté nationale s’efface, une fois encore, devant la dépendance à l’aide extérieure.

Les griefs initiaux des communautés locales liés à l’emploi ou à la cohabitation avec les gestionnaires étrangers ont été éclipsés par l’urgence financière.

Un dilemme africain persistant

Ce retour à la case départ reste le rappel d’une vérité dérangeante : sans argent européen, aucune politique écologique nationale ne tient debout. En choisissant la survie budgétaire au détriment de l’autonomie institutionnelle, le Tchad illustre un paradoxe africain persistant : comment défendre sa souveraineté tout en dépendant des subventions extérieures ?

La posture contrainte de Hassan Djamous Bahkit révèle moins une faiblesse personnelle qu’une réalité structurelle : sans ressources internes solides, la conservation comme la gouvernance restent suspendues aux décisions des bailleurs.

 HIGDE NDOUBA Martin 

 

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