C’est une phrase qui continue de faire parler. En affirmant que 900 milliards de francs CFA circulent en dehors du système bancaire, le ministre des Finances, Tahir Hamid Nguilin a frappé un grand coup. Derrière cette somme colossale se cache une réalité dérangeante : une population méfiante vis-à-vis des banques, et un État impuissant à capter cette épargne cachée.
900 milliards de francs CFA “dormants”, l’aveu d’une économie à deux vitesses
“Nous avons, à peu près, 900 milliards FCFA que les Tchadiens gardent chez eux. Et comme de tradition, dans les familles tchadiennes, ils ont toujours une pièce d’or, ça aussi c’est de l’épargne. Tout cet argent est hors du circuit bancaire. Il est stérile, n’est pas fécond, ne produit pas”, a reconnu Tahir Hamid Nguilin.
A lire aussi / L’athlète burkinabè Hugues Fabrice Zango tire sa révérence
Une révélation qui traduit à la fois la faiblesse du système bancaire et la perte de confiance des citoyens envers les institutions financières. Dans la capitale comme en province, beaucoup préfèrent conserver leur argent “sous le matelas”, craignant les frais bancaires, les lenteurs administratives ou les fermetures soudaines d’agences. Mais pour Tahir Hamid Nguilin, cet argent dormant traduit une perte énorme pour le pays : absence d’investissement, manque de liquidités pour les banques, et frein à la croissance.
Paradoxe cruel
Dans un pays où s’offrir trois repas par jour reste un luxe, 900 milliards de francs CFA dorment sous les matelas. Selon le rapport sur le coût de la faim en Afrique, le Tchad perd chaque année plus de 9 % de son PIB à cause de la malnutrition soit environ 600 milliards FCFA. Pendant ce temps, une somme colossale se cache sous les matelas, loin d’être une question de “sécurité domestique” , c’est une réalité dérangeante.
Face à ce contraste, Tahir Hamid Nguilin tire la sonnette d’alarme : “L’argent qui dort est un argent mort” . Une formule qui résume le défi d’un ministre coincé entre un peuple méfiant et un système bancaire fragile.
HIGDE NDOUBA Martin


