Au Tchad, l’artiste vit souvent dans l’ombre, malgré ses œuvres qui franchissent les frontières. La majorité parmi eux ne tirent pas leur subsistance de leur art. En cas de maladie, l’artiste dépend presque toujours d’un paracétamol collectif, financé par des personnes de bonne volonté. On pourrait comparer la situation à celle d’un ouvrier dont la fin de chantier doit être célébrée par la solidarité de ses pairs pour espérer se soigner.
Droit d’auteur, une chimère
Le droit d’auteur, versé chaque année, ne suffit pas à couvrir la facture d’électricité. L’artiste tchadien n’a pas de statut officiel, ni de sécurité sociale adaptée. Certains choisissent alors de devenir des chantres du pouvoir en place, espérant une fin plus douce, tandis que d’autres gardent leur micro et leur guitare et finissent dans les poubelles de l’oubli.
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Le problème est clair : continuer à soigner l’artiste avec le paracétamol collectif, c’est accepter qu’il reste un mendiant de son propre génie. Il est temps de reconnaître les artistes, de leur donner un statut, des droits, et la dignité que méritent ceux qui font vibrer la culture nationale.
Tant que rien ne changera, l’artiste restera condamné à survivre dans l’ombre, malgré le talent éclatant qui devrait pourtant illuminer le pays. Beaucoup sont morts en attendant la collecte des fonds de solidarité pour les soigner.
Doit-on continuer à soigner l’artiste tchadien avec le paracétamol collectif, ou faut-il penser à un vrai statut et une véritable protection pour celui qui fait vivre la culture nationale ? Pour que ce dernier ne soit plus condamné à survivre dans l’ombre, le temps est venu de réinventer un système où il pourra vivre de son art, et non plus seulement de la solidarité.
HIGDE NDOUBA Martin


