Alors que le Tchad figure parmi les principaux producteurs de coton d’Afrique centrale, son secteur textile peine à se développer. L’unique usine nationale, installée à Sarh, est en difficulté financière chronique, laissant le marché local inondé de pagnes et tissus importés. Une situation qui illustre les failles structurelles d’un pays encore incapable de transformer sa propre matière première.
À Sarh, l’unique usine de fabrication de pagnes et de tissus tourne au ralenti. Faute d’investissements, de maintenance et de débouchés stables, l’infrastructure héritée des premières années d’indépendance n’a jamais véritablement pris son envol. En crise financière permanente, elle peine à répondre à la demande nationale, laissant le champ libre aux produits textiles importés de l’Afrique de l’ouest, de la Chine ou encore d’Europe.
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Dans les marchés de N’Djamena, Moundou et Abéché, le constat est visible à chaque étal : les pagnes “made in China” , “Boko Haram, made in Nigeria “ ou “wax hollandais” dominent, tandis que les tissus locaux se font rares. Pour un pays producteur de coton, la dépendance vis-à-vis des importations textiles constitue une double perte : perte économique, car la valeur ajoutée s’envole à l’étranger, et perte symbolique, car le savoir-faire local s’éteint peu à peu.
Malgré les discours sur la relance industrielle, le secteur textile tchadien demeure à l’arrêt. Aucun plan national de soutien concret n’a été mis en œuvre pour réhabiliter les usines ou encourager les investisseurs privés. Les ambitions du “made in Chad” restent pour l’instant confinées aux rapports ministériels. Pourtant, La transformation textile pourrait représenter un gisement d’emplois et un facteur de diversification économique, dans un pays où le pétrole reste dominant.
Au-delà de la nostalgie d’un passé industriel inachevé, la question est désormais stratégique : comment un pays qui produit du coton depuis plus d’un demi-siècle peut-il encore dépendre des importations textiles pour habiller sa population ? Tant que le Tchad n’investira pas dans la transformation locale, le fil du développement textile restera coupé.
HIGDE NDOUBA Martin


