Politique Sahel

Une République sans adresse fixe 

République
Écrit par La Redaction

Dans une République où les caisses publiques peinent à tenir face à la masse salariale, un paradoxe s’impose : l’État devient locataire. Au Tchad, certaines institutions fonctionnent dans des bâtiments privés, payant chaque mois des loyers comme de simples particuliers. Ministères, commissariats, services publics, beaucoup exercent dans des locaux qui ne leur appartiennent pas. Une image troublante d’une République qui peine à se loger.

Comment expliquer qu’un État, censé incarner la stabilité et la permanence, dépende de propriétaires privés pour faire tourner ses institutions ? Dans cette République, les symboles de la souveraineté nationale se retrouvent à la merci des clauses d’un bail. La question dérange, mais elle est nécessaire : que reste-t-il de la majesté républicaine quand le gouvernement loue les murs de la République ? Le plus cocasse ? Ces loyers sont souvent payés en retard. Il paraît que même les propriétaires se transforment en créanciers de la République. 

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Le constat saute aux yeux, une simple balade dans la capitale suffit pour s’en convaincre : Des ministères installés dans des villas, des directions dans des immeubles de quartier, des commissariats occupant des espaces des particuliers. Une République en location, c’est aussi un pays  qui doute de ses fondations. L’État, censé être propriétaire de ses moyens d’action, devient dépendant. 

Quelle image renvoie-t-on d’une République qui n’a pas de toit propre pour abriter ceux qui gouvernent en son nom ? L’indépendance d’un État ne se mesure-t-elle pas aussi à sa capacité d’avoir un patrimoine immobilier digne de ce nom ?

Ce phénomène traduit une dépendance silencieuse, presque honteuse. Quand l’État loue chez un particulier, le Tchad  devient cliente. Pourtant, le pays ne manque pas d’espaces publics, de terrains ou d’immeubles abandonnés. Mais l’inaction, la lenteur administrative et les intérêts particuliers ont fini par transformer la République en locataire.

Au-delà du symbole, c’est une question de dignité et d’efficacité. Un pays  fort se construit sur ses propres murs. 

HIGDE NDOUBA Martin 

 

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