Le ministre d’État Tahir Hamid Nguilin a parlé, et ses mots ne sont pas passés inaperçus. « On fait beaucoup de procès au pétrole. Le pétrole a beaucoup fait quand même. On aurait pu mieux faire », a-t-il déclaré. Une phrase simple, mais lourde de sens. Car derrière la modestie du ton, Tahir Hamid Nguilin dresse le bilan d’un pays qui peine à se regarder en face.
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Un héritage à double visage
Depuis plus de vingt ans, le Tchad vit au rythme du pétrole, entre espoirs déçus et réussites partielles. Tahir Hamid Nguilin rappelle que tout n’a pas été vain : des routes ont été construites, des infrastructures publiques ont vu le jour, et l’économie a tenu bon dans la tourmente. Mais dans le même souffle, il admet ce que beaucoup refusent de dire à voix haute : le Tchad aurait pu mieux faire.
C’est toute la complexité du discours de Tahir Hamid Nguilin, ni défense aveugle, ni confession de culpabilité. Plutôt une lucidité rare dans un pays où la parole politique s’enferme souvent dans le déni. En se plaçant à la croisée du réalisme et de l’humilité, Tahir Hamid Nguilin tente de réconcilier les Tchadiens avec leur propre histoire économique.
Où est passé le souffle du développement promis ?
Mais le constat demeure : Tahir Hamid Nguilin sait que le pétrole n’a pas tenu toutes ses promesses. Les chiffres de croissance ne masquent plus la réalité d’un peuple qui cherche les retombées concrètes de cette manne. Dans un pays où la pauvreté reste tenace, où l’école et la santé demeurent des privilèges pour certains, on ne peut plus se contenter de dire : “on aurait pu mieux faire”. Cette phrase sonne comme une excuse, alors qu’elle devrait être un point de départ pour une profonde remise en question.
Tahir Hamid Nguilin ne se dérobe pas. Il parle d’un pays qu’il dit connaître “ pour l’avoir parcouru en trois mois” lorsqu’il était directeur général du Trésor. Ce regard de terrain, il s’en sert pour rappeler que le Tchad “vient de très loin”. Et c’est vrai. Mais venir de loin ne suffit plus : il faut avancer.
Ce que les Tchadiens attendent aujourd’hui, ce n’est plus une justification du passé, mais une vision claire de l’avenir. Le pétrole a nourri les budgets, mais il n’a pas nourri toutes les familles. Il a bâti des routes, mais pas toujours des opportunités. Il a donné du pouvoir, mais rarement du progrès partagé.
HIGDE NDOUBA Martin


