La scène politique tchadienne est secouée par l’annonce de la candidature de Mahamat Idriss Déby à l’élection présidentielle du 6 mai prochain. Si cette déclaration ne surprend guère ses adversaires, elle suscite néanmoins l’indignation de nombreux observateurs, qui dénoncent un revirement flagrant par rapport aux engagements initiaux de Mahamat Déby.
À sa prise de pouvoir en avril 2021, Mahamat Idriss Déby avait promis de rendre le pouvoir aux civils à l’issue des élections. Pourtant, sa décision de se porter candidat à la présidence constitue un changement de cap radical, alimentant ainsi les critiques de l’opposition. L’annonce de sa candidature est perçue comme une trahison de la confiance du peuple tchadien, qui avait espéré une transition vers un régime civil démocratique.
Une fausse promesse dénoncée
Pour de nombreux opposants politiques, dont Neatobei Bidi Valentin, membre du Groupe de concertation des acteurs politiques (GCAP), la promesse initiale de Mahamat Déby de quitter le pouvoir était un « leurre » délibéré. Cette déception s’exprime également à l’échelle continentale, où l’Union africaine, initialement rassurée par les engagements de la transition tchadienne, se sent trahie par ce revirement. La crédibilité de Mahamat Déby et de son gouvernement en prend un coup, remettant en question la légitimité de son leadership.
Pourtant, les partisans de Mahamat Idriss Déby tentent de justifier ce revirement en mettant en avant les résolutions du dialogue national et la Constitution. François Ndjékombé, de l’Union sacrée pour la République, défend la gestion de la transition par Mahamat Déby et estime que toutes les barrières quant à sa candidature ont été levées lors du dialogue national. Cette position divise l’opinion publique tchadienne, certains soutenant la décision de Mahamat Déby tandis que d’autres dénoncent un mépris flagrant des principes démocratiques.
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Mahamat Idriss Déby bénéficie du soutien du parti de son père, le MPS, ainsi que d’une coalition de 211 partis politiques et un millier d’organisations de la société civile. Cependant, ce soutien est loin de faire l’unanimité, de nombreux Tchadiens exprimant leur désapprobation face à cette candidature contestée. Le dépôt des candidatures, prévu pour mercredi, risque de raviver les tensions politiques dans un pays déjà fragilisé par les luttes de pouvoir et les crises internes.
